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Zéro Déchet Touraine

Changeons d’R - Livre blanc pour la prévention des déchets en Indre-et-Loire

En 2023, les collectivités locales d’Indre et Loire ont lancé officiellement l’élaboration d’un Plan local de Prévention départemental des Déchets Ménagers et Assimilés (PLPDMA). C’est l’occasion pour l’association Zéro Déchet Touraine (ZDT) de faire 44 propositions visant à massifier la prévention des déchets dans la vie de tout un chacun. Elus, citoyens, entreprises, toutes et tous sont appelés à l’action.

               Depuis 2017, ZDT inscrit ses actions dans la règle dite des « 5R » : Refuser, Réduire, Réparer/Réemployer, Recycler , Rendre à la nature. Cette règle sert de guide aux actions à mener pour éviter les déchets à la source et s’inscrit pleinement dans la hiérarchie des modes de traitement accordant la priorité absolue à la prévention des déchets en droits français et européen. Parce que notre territoire n’a que peu brillé par ses performances, parce que les objectifs de prévention nationaux pour 2020 n’ont jamais été atteints, parce qu’il y a urgence à changer de trajectoire collectivement, ZDT propose d’agir enfin à la hauteur des enjeux actuels.

               « L’ère moderne des déchets peut se scinder en plusieurs phases, en plusieurs R », analyse Hugo MESLARD-HAYOT, préventeur salarié au sein de l’association. « La première ère, après la seconde guerre mondiale fut celle de la consommation et la mise au Rebut en masse durant les « trente glorieuses ». L’incinération et surtout la mise en décharge dominaient. Face aux dégâts et aux contestations, s’en suivit l’ère du Recyclage au tournant des années 1990 notamment avec la première filière de recyclage des emballages ménagers en 1993. Le recyclage accapare désormais les esprits, les actions et les finances publiques. La prévention, bien que prioritaire dans la Loi, n’a jamais été priorisée massivement dans nos vies. Il est pourtant plus qu’urgent de changer d’R, en faisant de la Réduction des déchets une priorité systématique et systémique ».

               « Nous proposons 44 mesures de prévention des déchets à destination des politiques élus, des techniciens et techniciennes de collectivités et de toute personne intéressée » précise David VIOLLEAU, Administrateur de l’association. « Celles-ci visent notamment à mieux respecter les limites planétaires environnementales, ainsi qu’à créer localement de l’activité économique, à baisser la pression fiscale, tout en respectant le bien-être des personnes ».

               L’association ZDT a scindé son livre blanc de 32 pages en quatre parties : 1) l’éco-exemplarité des collectivités et des administrations, 2) la lutte contre les déchets sauvages, 3) la prévention des divers déchets d’activité économique assimilables aux déchets ménagers et 4) la prévention des déchets verts et le compostage.

               La formation des élus serait une première action symbolique et nécessaire pour développer l’éco-exemplarité des collectivités. Bien évidemment, une mesure fondamentale consiste à mettre le budget de la prévention des déchets des collectivités en adéquation avec une politique ambitieuse et d’y consacrer au moins 5 % du budget du service public de prévention et de gestion des déchets d’ici 2026. Afin de financer et soutenir ces actions de prévention, l’association estime que la tarification incitative doit être déployée plus massivement. «  Les premiers échanges autour du PLPDMA ont été très décevants » note Sébastien MOREAU, Administrateur de ZDT. « C’est totalement irrationnel : des élus de collectivités continuent à priver nos concitoyens de justice fiscale en rechignant à appliquer la tarification incitative sur leurs territoires. C’est pourtant une mesure simple, populaire et de bon sens qui permet aux foyers d’être récompensés de leurs efforts en payant moins de taxes, tout en réduisant de 20 à 40% les tonnages d’ordures ménagères collectés. On nous parle sans cesse de Tsunami de déchets et on refuse d’activer les sirènes de la prévention qui permettraient à chacun de s’en protéger ! ».

               Les déchets sauvages ne sont pas une fatalité. L’association propose un éventail de solutions permettant une meilleure évaluation du problème, des actions éducatives originales et ciblées et la mise en place de cellules d’investigation permettant d’appréhender plus rapidement les auteurs d’incivilités.

               Agir sur les biodéchets alimentaires est également fondamental. Ils représentent près d’un tiers des tonnages d’ordures ménagères résiduelles collectées par le service public. L’association rappelle que, conformément à la Loi, le tri à la source obligatoire des biodéchets en 2024 doit permettre de développer d’abord la lutte contre le gaspillage alimentaire, puis le compostage de proximité et seulement en dernier recours la collecte des biodéchets alimentaires, en raison des pollutions et nuisances occasionnées par le ramassage de ces derniers en camions.

               Les déchets verts peuvent souvent être prévenus et gérés également à domicile via le paillage, le broyage, l’herbicyclage et le compostage, des méthodes qui doivent être promues davantage. « Les collectivités devraient cesser les collectes de déchets verts en porte-à-porte », s’indigne Sébastien MOREAU. « Celles-ci sont à la charge de tous mais elles profitent avant tout aux foyers les plus aisés. De plus, ces matières sont gorgées d’eau, qui représente 60 à 90% de leur masse. Il est incompréhensible de consommer du carburant, de polluer et d’émettre des gaz à effet de serre pour transporter essentiellement de l’eau, alors que ces déchets verts peuvent faire un excellent paillis et limiter l’évaporation au jardin ! ».

               Les entreprises sont également concernées par les propositions de ZDT : Audits en prévention des déchets, redevance spéciale, innovation réglementaire sont autant d’instruments que ZDT suggère aux collectivités d’utiliser pour réduire à la source les déchets d’activités économiques.

               Alors que les dégâts environnementaux se font de plus en plus prégnants, que la pression fiscale des déchets n’a cessé d’augmenter depuis les années 1970, ZDT réaffirme qu’il est plus que temps d’agir pour réduire massivement le gisement de déchets. Il y a cent ans, un premier incinérateur était construit à Tours et était présenté comme LA solution pour venir à bout des déchets qui s’accumulaient. L’installation, qui fut un gouffre financier, dût cesser ses activités en 1950, avant même que l’emprunt qu’elle avait nécessité fut remboursé. Ironie de l’histoire, les élus actuels célèbrent le casse du siècle en nous promettant non plus un mais deux incinérateurs en Touraine, présentés comme LES solutions (pour venir à bout des déchets qui s’accumulent). Ils mobiliseront plus d’une centaine de millions d’euros et ne serviront qu’à détruire massivement des icônes de la surconsommation... De 1924 à 2024, en Touraine, l’économie circulaire tournerait-elle en rond ?

               L’association invite les habitants à se prononcer contre ces nouveaux projets de construction d’incinérateurs de déchets en Indre-et-Loire, qui feront l’objet de consultations publiques en 2024. Elle rappelle que le coût du démantèlement du vieil incinérateur de Saint-Benoît La Forêt ne s’élèverait qu’à 1,5 millions d’euros. Sa suppression obligerait les acteurs locaux à réduire massivement leurs déchets afin de ne pas être dépendants de couteux exutoires périphériques et ne créerait pas de dette supplémentaire. ZDT appelle une nouvelle fois les collectivités à consacrer des millions d’euros à la prévention des déchets plutôt qu’à leur mise en décharge et en incinération.


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