08/04/2021 - La Tribune Hebdo Tours "Non, les déchets recyclables ne sont pas des "bons déchets" "
Revue de presse – jeudi 8 avril 2021
Non, il n'est pas satisfaisant de voir les tonnages d’ordures ménagères résiduelles (OMR) baisser de 1% par an au sein de Tours Métropole Val de Loire, sachant que la moyenne nationale est à -2%, selon l’ADEME. A ce rythme-là, nous ne diviserons par deux la quantité d’OMR enfouies en 2010 qu’en… 2080 !
Non, les déchets recyclables ne sont pas des « bons déchets » : ils sont couteux à collecter et à traiter. Leur recyclage génère des pollutions et consomme de la matière première vierge car tout process industriel induit de la perte de matière. Le recyclage à 100% et à l’infini n’est qu’un mythe. C’est pourquoi la Loi du 17/08/2015 considère le recyclage comme une solution de traitement moins prioritaire, moins performante et moins efficace que la prévention, qui minimise les flux de déchets, et le réemploi, qui prolonge la vie des produits. Le recyclage ne devrait donc concerner que les déchets qui n’ont pu être refusés, réduits ou réutilisés et ne devrait pas être encouragé de prime abord par les pouvoirs publics. Encourager le tri sans réduire au préalable la production de déchets ne fait qu’augmenter les frais de fonctionnement du service public de gestion des déchets, réduire la qualité des gisements de déchets recyclables et diminuer leur valeur économique. Ainsi, entre 1990 et 2013, les dépenses totales de gestion des déchets ont augmenté de 317% en France, tandis que des collectivités se voient vendre des plastiques et des papiers-cartons à prix négatifs, ce qui n’est évidemment pas à l’avantage des contribuables.
Non, nos déchets, même bien triés, ne permettent pas de « faire baisser la note globale de la collecte »: Entre 1990 et 2012, le recyclage n'a cessé de progresser en France tandis que les revenus issus de la TEOM (Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères) ont augmenté de 386 % ! En 2017, la Métropole a perçu près de 44 M € de recettes de fonctionnement (73% via la TEOM) tandis que les dépenses de fonctionnement n'étaient que de 33 M €. Combien lui a rapporté la vente des déchets recyclables consciencieusement triés par les tourangeaux cette année-là ? 1,7 M €, à peine de quoi couvrir les frais de fonctionnement des points d’apports volontaires de la Métropole (1,543 M € en 2017). On réalise à quel point les bénéfices environnementaux et financiers du recyclage sont minces pour notre communauté.
Que faire, alors ?
Zéro Déchet Touraine plaide pour la mise en place sans tarder d’une tarification incitative qui permettra à chaque ménage de contribuer solidairement au service public de prévention et de gestion des déchets tout en étant taxé plus justement, selon sa production réelle de déchets. En parallèle, il faut valoriser systématiquement nos biodéchets par le compostage ou la méthanisation. Ces deux mesures peuvent réduire de 50 à 70% les tonnages annuels d’OMR d’ici à 2030, selon les projections de l’association.
